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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/202

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sans résistance, ce que nous rencontrons n’est absolument rien. L’espace est donc la propriété d’être étendu considérée séparément de tout corps à qui elle puisse appartenir : c’est une idée abstraite ; c’est le néant personnifié par la faculté que nous avons de nous mouvoir quand aucune chose ne nous en empêche, quand le rien nous le permet : nouvelle preuve que c’est en nous mouvant que nous découvrons s’il existe quelque chose ou rien autour de nous, autour de notre faculté de sentir et de vouloir.

En voilà assez sur l’étendue : passons à ses conséquences. Plusieurs propriétés générales et communes à tous les corps ne sont que des dépendances nécessaires et immédiates de celle d’être étendu : il suffira de les indiquer. Telles sont celles d’être divisible, d’avoir une certaine forme, d’être impénétrable.

Dès qu’un être est étendu, il est nécessairement divisible, car puisqu’être étendu c’est avoir des parties telles qu’il faille faire un mouvement pour aller de l’une à l’autre, on peut toujours s’arrêter au milieu de ce mouvement, et par-là se trouver entre une de ces parties et l’autre, et par conséquent