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cevoir des impressions, d’avoir des perceptions, en un mot, d’éprouver des modifications dont nous avons la conscience. C’est ce que nous appelons la faculté de penser ou de sentir, en prenant ce mot dans le sens le plus étendu.

L’autre est cette capacité ou ce pouvoir que nous avons de remuer et de déplacer les différentes parties de notre corps, et d’exécuter une infinité de mouvemens tant internes qu’externes, le tout en vertu de forces existantes au-dedans de nous, et sans y être contraints par l’action immédiate d’aucun corps étranger à nous. C’est ce que nous appelons la faculté de nous mouvoir.

Ces deux phénomènes sont également le résultat de notre organisation ; nous pouvons bien les diviser par la pensée pour examiner séparément et successivement les effets de l’un et de l’autre ; mais, dans la réalité, ils sont inséparables : le premier, au moins, ne peut exister sans le second ; car quoiqu’il soit vrai qu’il s’opère beaucoup de mouvemens en nous sans que nous en ayons la conscience, sans qu’ils nous causent la moindre perception, il est certain que nous ne pouvons concevoir aucune perception