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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/268

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produite en nous, même la plus purement intellectuelle, sans un mouvement quelconque opéré dans quelqu’un de nos organes. Ainsi, à prendre les choses telles qu’elles sont, nous ne devons regarder l’action de penser ou sentir que comme un effet particulier de l’action de nous mouvoir, et la faculté de penser que comme une dépendance de la faculté de nous mouvoir. Celle-ci mérite donc bien de fixer notre attention.

J’ai dit que nous avons le pouvoir de faire des mouvemens en vertu de forces existantes au-dedans de nous, et sans y être contraints par l’action immédiate d’aucun corps étranger. Je ne prétends pas pour cela qu’il existe en nous un principe essentiellement actif et vraiment créateur d’une force absolument nouvelle, indépendante de toutes celles qui existent dans le monde, ensorte qu’en vertu de notre énergie propre la quantité du mouvement se trouve augmentée d’un moment à l’autre dans l’univers par notre action. Au contraire, et cela est essentiel à remarquer, des expériences rigoureuses prouvent que quand un homme se suspend à la corde d’une poulie, il n’agit sur elle qu’en vertu de son poids, et ne peut