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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/279

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sont pas ; mais il dépend de nous, jusqu’à un certain point, d’appliquer tellement notre attention à quelques-unes de nos perceptions, que les autres deviennent comme nulles pour nous. Cela arrive souvent à tous les hommes ; il y en a même chez qui ce pouvoir est porté à un grand degré ; ce sont ceux qui sont occupés de passions violentes ou de méditations profondes. C’est à quoi se réduit l’influence de la volonté sur la sensibilité proprement dite.

Quant à la mémoire, nous éprouvons que le souvenir de certaines perceptions nous vient souvent, non-seulement sans que nous le voulions, mais même quoique nous desirions l’écarter ; mais nous éprouvons aussi qu’il nous revient lorsque nous cherchons à nous le procurer. Ainsi, la mémoire est tantôt indépendante, tantôt dépendante de la volonté. Nous verrons dans la suite quels sont les moyens d’augmenter le pouvoir de la volonté sur cette faculté ; pour le moment nous nous bornons à l’énoncé des faits. Usons-en de même à l’égard du jugement.

Le jugement est indépendant de la volonté en ce sens qu’il ne nous est pas libre, quand nous percevons un rapport réel entre deux