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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/284

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Cette vérité, au reste, ne fait pas que nous ayons tort d’attribuer à la faculté de vouloir l’extrême importance que nous y attachons dans nous et dans les autres, d’en porter les jugemens que nous en portons et de nous conduire comme nous le faisons à son égard.

Nous n’avons pas tort de nous identifier à notre propre volonté, et de dire indifféremment, il dépend de moi ou il dépend de ma volonté de faire telle ou telle chose, je ne suis pas le maître de cela, ou cela ne dépend pas de ma volonté, car comme souffrir et jouir est tout pour nous, et que nous ne souffrons et jouissons jamais qu’autant que notre volonté est accomplie ou contrariée, elle est bien un être identique avec notre moi.

Nous n’avons pas tort d’attacher une extrême importance à la volonté dans les autres êtres sentans et voulans, et de l’identifier avec leur moi ; et eux, à leur tour, n’ont pas tort d’y attacher une extrême importance en nous et de l’identifier avec notre moi ; car notre volonté a la puissance de diriger presque toutes nos actions, et sur-tout toutes celles par lesquelles nous influons sur eux. Ainsi, pour eux, notre volonté ou nous