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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/287

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Ce sont sans doute les motifs que je viens de développer qui, aperçus confusément par tous les hommes, les ont conduits à porter tous, sur leur volonté et celle de leurs semblables, des jugemens qui sont très-justes au fond, quoiqu’ensuite l’ignorance des causes qui déterminent invinciblement cette volonté, et l’envie de ne pas se croire les instrumens passifs des circonstances environnantes, les ait portés à imaginer que leur volonté est une création qui se produit spontanément en eux, et à ne jamais remonter à une cause antérieure de leurs actions que quand celle-là n’a pas lieu. Concluons donc que notre volonté n’a pas le pouvoir de former tel ou tel desir sans motif et par un acte purement émané d’elle ; mais qu’ayant, jusqu’à un certain point (quelle que soit la cause qui la mette en action), le pouvoir d’appliquer notre attention à une perception plutôt qu’à une autre, de nous faire retrouver un souvenir plutôt qu’un autre, de nous faire examiner tel rapport d’une chose plutôt que tel autre, tous actes qui sont les élémens de ses déterminations, elle influe, non immédiatement, mais médiatement sur sa direction ultérieure.