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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/291

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Mais tout le monde ne remarque pas de même que plus un mouvement est facile et rapide, moins il est senti, ensorte que souvent il finit par ne plus donner lieu à aucune sensation, par être tout-à-fait inaperçu : cela est pourtant très-vrai.

Une observation non moins juste, à laquelle on fait encore plus rarement attention, c’est que, lorsqu’il s’agit d’un mouvement volontaire, pour parvenir à le faire avec rapidité, il ne suffit pas que l’organe moteur immédiat contracte la souplesse nécessaire pour l’exécuter sans peine, il faut encore que nous apprenions à former promptement et sans désordre les différens desirs successifs en vertu desquels le mouvement doit s’effectuer. C’est une chose qui s’observe d’une manière très-marquée les premières fois que l’on s’étudie à produire quelque mouvement un peu compliqué. Lorsque je commence à prendre des leçons de danse ou de clavecin, par exemple, il faut que mon maître me fasse connaître en détail les différens mouvemens partiels que mes jambes ou mes doigts doivent exécuter, et dans quel ordre je dois les vouloir ; il faut qu’il me les décompose, c’est-à-dire qu’il m’enseigne