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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/327

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ont nécessairement vécu avec des hommes, au moins dans leur premier âge ; et sous ce rapport, si nous les prenions pour terme de comparaison, ils nous donneraient une trop haute idée du degré de perfectionnement auquel peut atteindre un homme absolument et totalement livré à lui-même. D’une autre part, on a remarqué avec beaucoup de sagacité[1], que presque tous ces enfans ainsi séquestrés de la société devaient ou s’être perdus par stupidité, ou avoir été l’objet de violences qui avaient pu altérer leur raison, ou avoir été abandonnés et égarés exprès par leurs familles, parce que les vices de leur organisation physique et morale faisaient desirer d’en être débarrassé ; il a même été prouvé positivement que plusieurs d’entr’eux étaient dans l’un de ces cas : ainsi, sous cet aspect, ils pourraient nous faire tomber dans une erreur contraire à la première, en nous portant à trop restreindre ce développement de l’homme isolé. D’ailleurs aucun d’eux jusqu’à présent n’a été observé avec les précautions nécessaires

  1. M. Roussel, physiologiste philosophe, auteur du Système physique et moral de la Femme.