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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/326

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de leurs semblables : car les questions de fait ne sont pleinement résolues que par l’expérience ; mais celle-ci n’est pas en notre pouvoir. L’homme ne naît ni ne vit isolé ; il ne peut subsister de cette manière, et ne saurait passer son premier âge sans secours étrangers : ainsi toujours il a été influencé par l’état de société ; toujours il a participé plus ou moins au degré de perfection où était l’espèce humaine au moment de sa naissance. Nous avons, à la vérité, quelques exemples d’enfans et de jeunes gens des deux sexes qui ont été rencontrés dans des forêts où ils paraissent avoir existé plus ou moins de temps seuls. Un savant naturaliste, dans un petit ouvrage qu’il a publié à l’occasion du dernier de ces enfans trouvés[1], en cite jusqu’à onze, sur lesquels il nous donne des renseignemens précieux. Mais, d’une part, ces individus, quelque étrangers qu’ils nous paraissent à toute société et à tout langage,

  1. Voyez la Notice historique sur le Sauvage de l’Aveyron et sur quelques autres individus qu’on a trouvés dans les forêts à différentes époques ; par P.-J. Bonnaterre, professeur d’histoire naturelle à l’école centrale du département de l’Aveyron. À Paris, chez la veuve Pankouke, an 8.