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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/330

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Observez encore que cette incapacité de l’homme dans son état primitif, ou, si l’on veut, dans l’état de nature, ne consiste pas seulement dans le peu d’étendue de ses connaissances, mais principalement dans la lenteur et la difficulté de ses opérations intellectuelles, au moins de toutes celles qui ne lui sont pas habituelles. Il n’en fait qu’un petit nombre, toujours les mêmes, celles qui sont nécessitées par ses besoins indispensables. Ces besoins renaissant sans cesse, les combinaisons d’idées qui s’y rapportent sont continuellement répétées ; elles deviennent bientôt très-faciles et très-rapides : n’étant mêlées à aucune autre, elles s’opèrent sans perturbation : elles sont de plus très-motivées et très-justes, parce qu’elles ne sont point fondées sur des ouï-dire ni sur des idées incomplètes, mais sur l’expérience même de l’individu ; elles sont inventées et non apprises : mais toutes les autres restent dans un engourdissement total, et par conséquent d’une difficulté extrême.

Tel est l’état de l’homme primitif ; tel est aussi le spectacle que nous offrent les animaux. Privés presqu’absolument de moyens