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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/353

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qu’un résultat de la nature même de notre être, qu’un effet nécessaire de notre organisation. C’est aussi ce qui est, comme nous allons le voir.

En effet, nous ne pouvons atteindre une chose que nous desirons qu’en y portant la main, si nous en sommes près, et en marchant ou courant vers elle, si nous en sommes éloignés. Quand nous éprouvons le besoin du repos, nous sommes forcés de nous asseoir ou de nous coucher ; la douleur nous arrache certains cris ; la joie ou la surprise nous en inspirent de très-différens ; nous frappons rudement ce qui nous irrite ; nous caressons avec douceur ce qui nous plaît, ou du moins nous saisissons avec précaution ce que nous voulons ménager : tout homme éprouve ces effets en lui ; et quand il les observe dans ses semblables, il ne peut manquer de deviner ce qui se passe en eux. Voilà donc un commencement de langage inévitable ; et nos actions sont les signes naturels et nécessaires de nos sentimens et de nos pensées ; si elles n’en restent pas les signes uniques, elles en seront toujours les plus irrécusables et les plus sûrs.