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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/354

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C’est donc avec beaucoup de raison que les idéologistes qui ont entrepris d’expliquer l’origine et les conséquences de ce premier langage, lui ont donné le nom de langage d’action ; il comprend les gestes, les cris, les attouchemens ; il parle à l’œil, à l’oreille et au tact ; par conséquent il renferme le germe de tous les langages possibles ; et, s’il est de toutes les langues la moins fine, la moins riche, et la moins développée, il demeure toujours la plus énergique et la plus véhémente, et la seule dont nous conservions l’usage dans l’excès de la passion, et lorsque la violence de nos sentimens nous prive de la réflexion nécessaire pour les exprimer par des moyens de pure convention.

Ce langage naturel et nécessaire, on l’a rendu artificiel et volontaire, c’est-à-dire qu’on a refait avec l’intention de peindre une pensée ou un sentiment, les mêmes actions que ce sentiment ou cette pensée font faire nécessairement ; ensuite, par l’usage, ce langage d’action est devenu chaque jour plus fin, plus varié, et plus circonstancié. Cependant, tous les signes qui le composent ne sont pas également suscep-