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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/363

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essayons avec le seul mot un de faire le plus simple de tous les calculs, une addition très-bornée. Pour y réussir, je ne puis faire autre chose que de dire un plus un, plus un, plus un, plus un, plus un, plus un ; et ni moi qui parle, ni vous qui m’écoutez, n’avons aucune idée nette dans la tête. Pourquoi cela ? c’est que rien ne nous indique combien de fois nous avons répété ce mot un, ni quel rapport il y a entre ce nombre primitif et le nombre total. Maintenant, que quelqu’un me compte un plus un, plus un, plus un, plus un, plus un, et me propose de retrancher ce nombre du premier ou de l’y ajouter, que voulez-vous que je fasse ? quel rapport puis-je saisir entre ces deux nombres ? quelle proportion puis-je sentir entre l’un d’eux et le reste ou le total demandé ? Quand je n’ai aucun moyen de déterminer aucun des termes de la comparaison, évidemment je ne puis asseoir un jugement ; j’aurai beau dire un, un, un, un, un, un, un, moins un, un, un, un, un, un, ou plus un, un, un, un, un, un, je ne saurai où je dois arrêter cette fastidieuse répétition ; et quand, par impossible, je ne l’étendrais ni trop ni trop peu, le reste ni le total, je le