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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/366

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qu’en disant dix-trois ou treize j’y ai ajouté six. Voilà donc que je puis calculer, dès que chacun de ces nombres porte un nom qui le différencie, et que chacune de ses parties composantes se trouve exprimée avec précision par les noms des nombres inférieurs : car le grand avantage des signes est qu’ils distinguent les idées qu’ils représentent, et qu’ils les décomposent réciproquement de mille manières différentes ; trois et deux, quatre et un décomposent cinq, etc.

Il est bien vrai, et cela provient de la même cause, que si tous ces nombres se suivaient long-temps, comme font les seize premiers dans la langue française, toujours désignés par des noms qui n’eussent entr’eux ni analogie ni relation, je perdrais bientôt de vue les rapports mutuels des plus éloignés, c’est-à-dire la quantité d’unités qui les sépare. Pourquoi cela ? précisément parce que cette quantité ne me serait plus rappelée par les noms qui chacun expriment seulement qu’ils sont séparés de leurs deux voisins par la quantité un. C’est à ce rapport exprimé que je serais continuellement obligé d’avoir recours pour retrouver la valeur des distances plus grandes ; et à chaque opération je serais