Aller au contenu

Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/389

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eu lieu ; pourquoi les idées de classes, de genres, d’espèces, et toutes les idées généralisées que nous conservons par leur moyen, une fois qu’elles sont faites, nous sont si commodes ; voilà aussi pourquoi il est si utile et si agréable que les signes aient de l’analogie avec la chose qu’ils expriment, et qu’il existe entr’eux des relations correspondantes à celles des idées qu’ils représentent : d’un autre côté l’on voit que la sensation du signe étant une sorte d’étiquette de l’idée, à peu près comme les titres de certains chapitres et de certains paragraphes qui en expriment le sens en abrégé, et se mettant pour ainsi dire en nous à la place de cette idée, elle doit nous en faire perdre de vue les détails. De là vient sans doute que nous avons souvent la conscience du sens d’un mot sans pouvoir l’expliquer, et que nous sommes exposés à bien des erreurs en nous en servant ; de là vient apparemment encore qu’il nous arrive souvent d’être frappés de la vérité d’une proposition long-temps avant de pouvoir nous en rendre compte, ou révoltés de la fausseté d’un sophisme quoique nous ne puissions pas la démontrer. Il serait facile de multiplier et de