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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/419

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nos idées propres, nous les recevons tout faits de ceux qui s’en servent avant nous, et nous avons presque toujours la perception du signe avant celle de l’idée qu’il est destiné à représenter. À la vérité, ce signe n’a aucune signification pour nous avant que nous ayons acquis la connaissance personnelle de cette idée ; mais lorsque l’idée est fort composée, et c’est le plus grand nombre, cette connaissance est souvent difficile à se procurer ; elle exige un travail long, qui ordinairement reste imparfait. Nous pouvons rarement y parvenir par des expériences directes ; nous sommes réduits le plus souvent à des conjectures, à des inductions, à des approximations ; enfin, nous n’avons presque jamais la certitude parfaite que cette idée, que nous nous sommes faite sous ce signe par ces moyens, soit exactement et en tout la même que celle à laquelle attachent ce même signe, celui qui nous l’a appris et les autres hommes qui s’en servent. De là vient souvent que des mots prennent insensiblement des significations différentes, suivant les temps et les lieux, sans que personne se soit aperçu du changement : ainsi il est vrai de dire que tout signe est parfait