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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/421

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sûr qu’elles soient exactement les mêmes que celles éprouvées par celui qui m’a appris ces mots ; et enfin, ni moi ni celui-là même qui m’a enseigné l’usage de ces mots, ne sommes sûrs qu’au bout d’un certain temps ils réveillent en nous les mêmes perceptions, dans le même nombre, et avec les mêmes accessoires ; ou plutôt nous sommes certains que l’âge, les circonstances, les événemens, les dispositions morales et physiques, les effets des habitudes les ont nécessairement altérées, ensorte que réellement et inévitablement, le même signe nous donne d’abord une idée très-imparfaite ou même tout-à-fait chimérique, ensuite une idée différente de celle des autres hommes qui emploient aussi ce signe, et enfin une idée souvent fort éloignée de celle que nous y avons attachée nous-mêmes dans un autre moment.

L’observation de ces trois inconvéniens des signes nous montre, 1°. en quoi consiste la rectification successive des premières idées, ou ce qu’on appelle le progrès de la raison dans les jeunes gens ; 2°. l’origine de la diversité et de l’opposition des opinions des hommes sur les idées exprimées par