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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/429

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de peine qui résultent de certaines dispositions de notre individu et des passions qui le modifient.

Toutefois les passions elles-mêmes ne doivent pas être rangées parmi les sensations simples, parce que toutes renferment en outre un desir quelconque, et qu’un desir est un effet de la faculté appelée volonté ; ainsi, dans la passion, est renfermé l’exercice de deux facultés distinctes, la sensibilité et la volonté. L’état de souffrance ou de jouissance dans lequel elle nous met, appartient seul à la sensibilité proprement dite.

CHAPITRE III.
De la Mémoire et des Souvenirs.

La mémoire est une seconde espèce de sensibilité particulière, ou une seconde partie de la sensibilité en général. Elle consiste à être affecté du souvenir d’une impression éprouvée.

Le souvenir est une sorte de sensation interne, mais différente de celle dont nous venons de parler, en ce qu’il est l’effet d’une certaine disposition demeurée dans le cerveau, et non celui d’une impression actuelle dans un autre organe.

Il n’est pas dans la nature de la perception appelée souvenir, que nous reconnaissions en l’éprouvant que c’est un souvenir, non plus qu’il n’est dans la nature de la sensation que nous reconnaissions d’où elle nous vient et ce qui la cause : ce sont-là des actes du jugement.

La preuve en est que nous avons souvent des souvenirs que nous ne savons pas être des souvenirs,