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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/447

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sont point des facultés, ou sont composées de celles que nous avons regardées comme élémens primitifs.

L’attention, par exemple, c’est l’état de l’homme qui veut sentir, juger ou agir ; c’est un effet de la volonté ; mais ce n’est point une faculté ni une perception particulière.

Il en est de même de la comparaison. Comparer deux idées, c’est les sentir toutes deux ou sentir leur rapport ; c’est sentir ou juger.

La réflexion, c’est l’état de l’homme qui se sert de sa sensibilité et de sa mémoire pour arriver à porter un jugement.

Le raisonnement, c’est la répétition de l’action de juger.

L’imagination, dans le sens d’invention, c’est l’emploi de toutes nos facultés intellectuelles pour former de nouvelles combinaisons.

L’imagination, dans le sens de mémoire vive qui prend ses souvenirs pour des impressions actuelles et réelles, c’est la mémoire unie à un jugement erroné.

La réminiscence, que l’on fait consister à avoir des souvenirs et à sentir que ce sont des souvenirs, c’est encore la mémoire unie à un jugement, mais à un jugement vrai.

Enfin, toutes les passions sont de pures affections, de simples sensations internes, ou ces sensations unies à un desir, et quelquefois à un jugement.

Sans multiplier davantage ces citations, concluons de nouveau que penser n’est rien que sentir, et se réduit à sentir des sensations proprement dites, des souvenirs, des rapports et des desirs.

Mais si c’est-là une vérité, comme j’ose le croire,