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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/47

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réelles, vous n’avez fait des progrès aussi rapides que dans les trois ou quatre premières années de votre existence. Ce n’est pas que, comme je l’ai dit, vous ne soyez devenus dans la suite capables d’un jugement plus ferme, d’une attention plus soutenue ; mais c’est que jamais vous n’aurez été aussi constamment occupés d’apprendre[1]. Le plaisir presque unique de la première enfance est de faire des découvertes ; et, dans le reste de la vie, on ne se borne que trop souvent à jouir, tant bien que mal, des choses que l’on connaît à peu près. Ce qui met le plus de différence entre les degrés de lumières et de talens auxquels parviennent les hommes, c’est de conserver plus ou moins long-tems, plus ou moins vivement ce premier penchant à l’investigation, à la recherche des vérités quelles qu’elles soient.

  1. On peut ajouter : et jamais vous n’aurez suivi une aussi bonne méthode. L’enfant part des impressions qu’il reçoit, et il n’en infère que ce qu’elles paraissent lui montrer. Il peut être par inexpérience trop prompt à conclure ; mais du moins il est préservé, par son ignorance même, de la folie de vouloir rien deviner à priori et par la vertu d’une maxime générale composée d’avance.