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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/48

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En voulez-vous un exemple ? Les exemples rendent les vérités plus sensibles. Vous aimez sûrement bien les chevaux : qu’on vous en donne un, et qu’on vous laisse libres ; vous courrez dessus des journées entières sans vous embarrasser de savoir ni comment il vit, ni comment il meurt, ni comment il broie ses alimens, ni ce qu’ils deviennent, ni quelle est sa structure interne ; sans peut-être seulement remarquer en quoi consiste la différence de ses mouvemens au pas, au trot, et au galop. Ce que vous ferez, emportés par l’attrait du plaisir, un homme plus âgé le fera dominé par ses affaires, ou par l’appât du gain. Combien de gens mènent des chevaux toute leur vie sans faire autant de réflexions peut-être pour les conduire que le cheval pour leur obéir ! Au contraire, donnez un cheval de carton à un enfant : soyez assuré qu’à l’instant même il le tourne et retourne de tous les sens ; il l’examine autant qu’il est en lui ; bientôt il va l’éventrer pour voir ce qu’il y a dedans : s’il le traîne, il le regarde à chaque instant ; il veut deviner comment cela se fait : vous voyez souvent à son petit air pensif qu’il est bien moins occupé de