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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/58

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Vous dites tous, je pense cela, quand vous avez une opinion, quand vous formez un jugement. Effectivement, porter un jugement vrai ou faux est un acte de la pensée ; et cet acte consiste à sentir qu’il existe un rapport, une relation quelconque, entre deux choses que l’on compare. Quand je pense qu’un homme est bon, je sens que la qualité de bon convient à cet homme. Il ne s’agit pas ici de rechercher si j’ai raison ou tort, ni d’où peut venir mon erreur ; nous verrons cela ailleurs… : penser, dans ce cas, c’est donc apercevoir un rapport de convenance ou de disconvenance entre deux idées, c’est sentir un rapport.

Vous dites encore, je pense à notre promenade d’hier, quand le souvenir de cette promenade vient vous frapper, vous affecter : penser, dans ce cas, c’est donc éprouver une impression d’une chose passée ; c’est sentir un souvenir.

Quand vous desirez, quand vous voulez quelque chose, vous ne dites pas aussi communément, je pense que j’éprouve un desir, une volonté. Effectivement, ce serait un pléonasme, une expression inutile : mais il n’en est pas moins vrai que desirer et vou-