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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/59

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loir sont des actes de cette faculté intérieure que nous appelons en général la pensée, et que quand nous desirons ou voulons quelque chose, nous éprouvons une impression interne, que nous appelons un desir ou une volonté  : ainsi penser, dans ce cas, c’est sentir un desir.

Vous vous servez encore moins de l’expression, je pense, quand vous ne faites qu’éprouver une impression actuelle et présente, qui n’est ni un souvenir d’une chose passée, ni un rapport existant entre deux idées, ni un desir de posséder ou d’éviter un objet quelconque. Quand un corps chaud vous brûle la main, vous ne dites point, je pense que je me brûle, mais je sens que je me brûle, ou mieux encore, tout simplement je me brûle. si vous êtes affecté par quelques douleurs internes, celles de la colique, par exemple, vous ne dites point, je pense que je souffre, mais je souffre. Cependant le dérangement mécanique qui s’opère dans votre main ou dans vos entrailles est une chose distincte et différente de la douleur que vous en ressentez ; la preuve en est que si ces organes sont paralysés ou gangrenés, ils peuvent éprouver