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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/81

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indique d’où elle vient ni par où elle vient ; et qu’il a pu y avoir un temps où nous sentions sans juger, sans savoir que nous avions un corps et des organes, et sans connaître enfin que nous voyions par l’œil, que nous tâtions par la main, et que ce que nous voyions et touchions était des corps.

Je dis, qu’il a pu y avoir un temps, et non pas qu’il y a eu un temps. Car en convenant de la justesse du raisonnement que nous venons de faire, et auquel il me paraît impossible de se refuser, il est très-possible de demander si ces deux facultés de sentir et de juger ne naissent pas ensemble ; si elles ne résultent pas en même temps de notre organisation ; si leurs actes ne sont pas toujours simultanés et confondus, ce qui produirait le même effet que si elles n’étaient qu’une seule et même faculté : et ensuite on peut demander comment, en supposant que cela ne soit pas ainsi, il se fait que nous parvenons à connaître que notre corps existe, qu’il en existe d’autres, et que ce sont là les causes et les moyens de nos sensations.

Sans vouloir encore traiter à fond ces deux questions secondaires, je dirai, à l’égard