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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/99

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testablement un jugement positif. Cette distinction pourra paraître minutieuse : cependant elle est très-importante ; car l’expression que je combats jette du louche sur l’opération de notre pensée dans le jugement. Je sais, pour moi, qu’elle m’a long-tems empêché de la comprendre nettement. En effet, juger, c’est sentir un rapport, c’est une chose positive : or que serait-ce que sentir qu’un rapport n’existe pas ? ce serait sentir une chose qui n’existe pas ; cela implique contradiction. De plus, en adoptant l’explication que je rejette, on est obligé de ne pas faire de la négation une partie de l’attribut, on en fait une modification du verbe ; et il faut par conséquent faire du verbe un troisième terme, ce qui brouille tout : enfin cela conduit à méconnaître une vérité, la base de tout raisonnement, et que je vous prouverai dans la suite ; c’est que tout jugement consiste à reconnaître que l’idée totale de l’attribut est comprise toute entière dans l’idée du sujet, et en fait partie. Mais nous verrons cela quand nous en serons à la troisième partie de ce Cours, à l’histoire de la déduction de nos idées[1]. Pour le moment

  1. En attendant, je crois devoir une explication