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Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/121

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Edith tout à coup avait laissé retomber sa tête, comme si elle venait d’y ressentir une piqûre, et pendant qu’elle la cachait dans ses mains, un frisson parcourut tous ses membres. Ce mouvement fébrile fut de courte durée : elle reprit sa démarche accoutumée pour quitter l’appartement.

La servante que nous avons vue dans ses fonctions mortuaires, fit une nouvelle apparition ; elle donna un bras à sa maîtresse, qui semblait avoir perdu sa contenance avec ses charmes, et avoir endossé la paralysie en même temps que sa robe de flanelle. Puis, rassemblant les débris de Cléopatre, elle les emporta dans l’autre chambre, pour les faire servir à la résurrection du lendemain.



CHAPITRE VII.

Changements.


« Enfin le jour est venu, Suzanne, dit Florence à l’excellente Nipper, où nous allons regagner notre tranquille demeure ! »

Suzanne soupira avec une expression difficile à décrire ; puis se soulageant le cœur par un petit accès de toux, elle répondit à la réflexion de sa jeune maîtresse : « Oh ! oui, mademoiselle, c’est bien vrai, notre tranquille demeure, trop tranquille, on peut le dire.

— Quand j’étais enfant, dit Florence d’un air préoccupé et après avoir réfléchi pendant quelques instants, quand j’étais enfant, avez-vous jamais vu ce monsieur qui a pris la peine de venir jusqu’ici à cheval pour me parler ? il est venu trois fois… oui, trois fois, si je ne me trompe, Suzanne.

— Oui, mademoiselle… trois fois, la première fois vous étiez en train de vous promener avec les Sket… »

Florence l’arrêta doucement du regard, et Mlle Nipper se rectifia et reprit : « Je veux dire avec M. Barnet, sa dame et le jeune homme. Et puis il est encore revenu deux fois le soir depuis.

— Quand j’étais enfant, et qu’il venait ordinairement du monde pour visiter papa, avez-vous jamais vu ce monsieur à la maison, Suzanne ? demanda Florence.