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Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/153

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nuer que Florence était dans un état d’éducation très-imparfait, ce que pourra faire la culture.

— Oui, cela fait quelque chose, » répondit Edith d’un air sombre.

Sa mère lui lança un regard pénétrant, et, se sentant sur un mauvais terrain, elle battit en retraite.

« Ma charmante Florence, il faut venir m’embrasser encore une fois, s’il vous plaît, mon ange. »

Florence obéit, comme de juste, et approcha une fois de plus ses lèvres du bout de l’oreille de Mme Skewton.

« Vous savez certainement, mon petit trésor chéri, dit Mme Skewton en gardant sa main dans la sienne, que votre papa, que nous aimons jusqu’à l’adoration, doit se marier d’aujourd’hui en huit avec ma chère Edith.

— Je savais que c’était prochain, dit Florence, mais je ne savais pas au juste le jour.

— Est-il possible, ma chère Edith ? fit Mme Skewton en riant, vous ne l’aviez donc pas dit à Florence ?

— Pourquoi l’aurais-je dit à Florence ? » répliqua vivement Edith. Il y avait dans cette réponse tant de vivacité et d’amertume, que Florence douta que ce fût la même voix.

Mme Skewton dit ensuite à Florence, par diversion et pour éviter un sujet de conversation épineux, que son père allait venir dîner et que, sans aucun doute, il serait agréablement surpris de la voir : comme il avait dit, la soirée précédente, qu’il s’habillerait dans la Cité et qu’il ignorait qu’Edith devait amener sa fille, Mme Skewton s’attendait à le voir tomber de son haut en la retrouvant chez elle. Cette nouvelle troubla Florence, et son inquiétude fut si vive, vers l’heure du dîner, que, si elle avait su comment s’y prendre pour prier qu’on la laissât retourner chez elle, sans donner pour raison le moins du monde qu’elle redoutait l’arrivée de son père, elle se serait sauvée à pied, tête nue, à perte d’haleine et seule, plutôt que de courir le risque de lui donner du mécontentement.

L’heure approchait et la pauvre Florence ne respirait plus. Elle n’osait venir près de la fenêtre, dans la crainte qu’il ne l’aperçût de la rue. Elle n’osait monter à l’appartement supérieur pour cacher son émotion, dans la crainte qu’en sortant elle ne le rencontrât tout à coup à la porte ; et puis, d’ailleurs, elle craignait de ne plus se sentir la force de revenir, quand on la rappellerait en présence de son père. Agitée par tous ces sentiments de terreur, elle était assise près du sofa de Cléo-