Aller au contenu

Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En conséquence, M. Dombey, le major Bagstock et M. Carker, montent en calèche pour se rendre à l’église. Le bedeau, M. Sownds, n’est plus assis depuis longtemps sur les marches de l’église ; il attend, debout, son tricorne à la main. Mme Miff, toujours faisant la révérence, propose des chaises dans la sacristie. M. Dombey préfère attendre dans l’église. Au moment où il lève les yeux dans la direction de l’orgue, Miss Tox, qui est dans la galerie, se dissimule derrière le mollet d’un chérubin, qui a des joues bouffies comme un jeune zéphir. Le capitaine Cuttle, au contraire, est debout, agitant son croc comme pour le féliciter et saluer sa bienvenue. M. Toots se met la main sur la bouche, et apprend avec un air de mystère à Coq-Hardi, que le monsieur du milieu, qu’il voit en pantalon ventre de biche est le père de son ange. Coq-Hardi, de sa grosse voix, lui répond à l’oreille qu’il n’a jamais vu de pékin si roide que ça ; mais que, grâce aux ressources de son art, il vous le plierait en deux bel et bien d’un bon coup de poing dans le creux de l’estomac.

M. Sownds et Mme Miff, qui ne sont pas loin, regardent M. Dombey, mais on entend un bruit de roues qui approchent : M. Sownds sort. Mme Miff, rencontrant le regard de M. Dombey, au moment où il le détourne de l’innocent et trop présomptueux Toots, qui le salue si poliment de la galerie, fait une révérence et l’informe qu’elle croit sa chère dame arrivée. Alors on entend un grand bruit à la porte, et la chère dame fait son entrée de son air le plus hautain.

Sur son visage, on ne voit aucune trace des souffrances de la nuit précédente. Vous ne diriez plus que c’est la même femme, qui a plié les genoux et qui a reposé, dans un mouvement de magnifique abandon, sa tête égarée sur le paisible oreiller de la jeune fille endormie. Cette jeune fille, si gracieuse et si aimable, est à ses côtés, contrastant fortement avec cette physionomie, où se lit un fier dédain, et avec cette attitude droite et réservée d’une femme qui ne veut pas laisser deviner ses pensées. Edith est là dans toute la splendeur et la majesté de ses charmes, mais pleine de mépris pour l’admiration qu’elle inspire et qu’elle foule aux pieds.

On s’arrête : M. Sownds, le bedeau, se glisse dans la sacristie pour aller chercher le ministre et son desservant. En ce moment, Mme Skewton s’adresse à M. Dombey ; elle parle avec plus de clarté et d’emphase que d’habitude et, en même temps, elle s’approche d’Edith.