Aller au contenu

Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quoique, à tous égards, ce ne fût que le diminutif d’une villa, tout y était d’une élégance et d’un confortable qui auraient pu convenir à un palais.

Et, de fait, c’était au dedans une maison somptueuse et riche. Les meubles, par leurs proportions convenaient parfaitement à la grandeur et à la disposition des petites pièces ; leurs éclatantes couleurs étaient en harmonie avec la tenture des murs et le brillant des parquets, et la lumière, qui pénétrait au travers des glaces des portes et des croisées, venaient se confondre dans ces couleurs variées, dont elle prenait la teinte. On remarquait aussi quelques gravures et quelques tableaux de prix. Quant aux livres, on en voyait une grande quantité sur des rayons placés dans des embrasures ; des jeux d’adresse et de hasard se trouvaient sur les tables ; c’étaient des pièces d’échiquier, aux figures fantastiques, des dés, des jeux de dames, des cartes et un billard.

Et pourtant, malgré cette opulence et tout ce confortable, pourquoi donc y a-t-il dans l’air un je ne sais quoi qui vous met mal à l’aise ? serait-ce par hasard que les tapis et les sofas sont trop moelleux, qu’ils étouffent trop le bruit, et que ceux qui marchent sur les uns et se couchent sur les autres ont un air mystérieux ? serait-ce que les gravures et les tableaux ne rappellent ni de grandes pensées ni de grandes actions, ou ne représentent pas la nature par le côté poétique, un paysage, par exemple, un château ou une cabane ; mais qu’ils ont tous une touche voluptueuse, et sont de purs échantillons de formes et de coloris ; rien de plus ? Serait-ce que les livres n’ont de précieux que leur reliure et que les titres du plus grand nombre sont en rapport avec les dessins et les peintures ? Serait-ce qu’au milieu de cette parfaite élégance on rencontre çà et là, dans mille détails insignifiants, une sorte d’humilité affectée, une humilité aussi mensongère que celle que vous remarquez sur ce portrait, d’une ressemblance trop frappante, suspendu à la muraille, aussi bien que dans l’original, assis maintenant sur son fauteuil devant son déjeûner ? Ou bien serait-ce que l’haleine de ce personnage, le maître de céans, laisse sur tous les objets qui l’entourent comme une émanation de lui-même, et imprime à tous les objets quelque chose de son caractère ?

C’est M. Carker le gérant qui est assis dans ce fauteuil. Sur la table, et renfermé dans une cage élégante, se balance un perroquet aux couleurs éclatantes. Il mord de son bec les barreaux de sa cage, va, vient, grimpe, la tête en bas, au sommet