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Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 2.djvu/241

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prendre un peignoir ; ses cheveux flottaient librement sur ses épaules, mais ce ne fut point là le changement qui le fit tressaillir.

« Florence, ma chérie, dit-elle, je vous ai cherchée partout ; » et s’asseyant à côté de Florence, elle se pencha et lui baisa la main. Il pouvait à peine reconnaître sa femme, elle était si changée ! Ce n’était pas seulement son sourire, qui était nouveau pour lui, bien qu’il ne l’eût jamais vu, mais ses manières, son ton de voix, l’éclat de ses yeux, l’intérêt, la confiance, le désir de plaire… Ce n’était pas Edith !

« Doucement, chère maman, papa dort ! »

C’était bien Edith cette fois, quand elle tourna ses regards du côté où il était assis ; il la reconnut aisément à l’air de son visage.

« Je n’espérais guère vous trouver ici, Florence. »

Comme en un instant sa physionomie avait changé encore pour prendre une expression plus douce !

« Je suis sortie de bonne heure, poursuivit Edith, afin d’aller en haut causer avec vous. Mais, en entrant dans votre chambre, je me suis aperçue que mon cher oiseau s’était envolé, et je suis restée à attendre son retour. »

Et Florence eût été son oiseau, qu’elle ne l’aurait pas serrée plus tendrement ni plus doucement contre son cœur.

« Venez, chérie.

— Papa ne sera pas surpris de ne pas me trouver ici à son réveil ? dit Florence en hésitant.

— Qu’en pensez-vous, Florence ? » dit Edith, en la regardant en face.

Florence baissa la tête, se leva et prit son panier à ouvrage. Edith posa sa main sur son bras. Elles sortirent du salon comme deux sœurs.

M. Dombey la suivit des yeux jusqu’à la porte, et trouva que le pas même d’Edith n’était plus le même. Il resta si longtemps dans son coin obscur, que l’horloge de l’église sonna trois fois l’heure, avant qu’il sortît. Tout ce temps, ses yeux restèrent fixés sur la place où Florence avait été assise.

La chambre devint plus obscure, car les lumières baissaient et s’éteignaient enfin. Mais l’ombre de la nuit n’était pas plus épaisse que celle qui vint obscurcir son front.

Florence et Edith, assises devant le feu dans la chambre éloignée où le petit Paul était mort, causèrent ensemble pendant longtemps. Diogène, qui était de la partie, avait d’abord