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Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/26

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que de cuivre sur sa porte et d’ouvrir un pensionnat. Charles sautait d’allégresse. Avant tout il voyait la possibilité d’aller en classe et de recueillir quelques bribes d’instruction. Laissons-le parler lui-même :

« Je distribuais de tous côtés des prospectus qui appelaient l’attention du public sur notre établissement ; mais aucun élève ne se présentait, et je ne vis jamais faire le moindre préparatif pour en recevoir. Ce que je sais, c’est que tout allait fort mal avec le boucher et le boulanger, que souvent nous n’avions pas de quoi dîner et que, finalement, on arrêta mon père. »

Le petit malheureux passait son temps désormais à porter, tout en larmes, des messages de ci de là en faveur du prisonnier. Son père, au moment d’être mis sous les verrous, lui avait fait entendre que ce serait pour toujours. Cela faillit lui briser le cœur. Il s’en allait à la prison pleurer avec son père au coin du maigre feu qui languissait dans une grille rouillée. Un autre débiteur partageait la chambre de M. Dickens, et, pour dîner, on empruntait le couteau et la fourchette d’un capitaine qui logeait au-dessus. Tout cela fut raconté plus tard dans David Copperfield. Charles s’en retournait consoler sa mère, qui vendait ou mettait en gage peu à peu tout ce qu’elle possédait. L’enfant était chargé de faire ces tristes marchés. Les