Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/27

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livres apportés de Chatham partirent d’abord ; tout le reste suivit, jusqu’à ce qu’il ne restât plus que les lits, quelques chaises et une table de cuisine. La famille campait, pour ainsi dire, dans les chambres vides ; mais tout cela n’était que le prélude de plus grands soucis. À dix ans, Charles, avec son caractère impressionnable et sa vive intelligence, se vit réduit à entrer comme petit employé dans le magasin de cirage du beau-frère de James Lamert, moyennant six shillings par semaine. Le magasin de cirage était une vieille maison sale et délabrée, touchant à la rivière et littéralement envahie par les rats ; ces animaux fourmillaient dans les caves, et leur tapage incessant remplissait l’escalier vermoulu. Le comptoir était au premier étage et donnait sur les forges à charbon ; il se trouvait là un recoin où Charles travaillait à couvrir les pots de cirage d’un papier huilé, puis d’un morceau de papier bleu qu’il fallait fixer par une ficelle et rogner tout autour. Quand un certain nombre de pots étaient ainsi préparés, il fallait coller sur chacun une étiquette. Deux ou trois autres garçons travaillaient à l’étage inférieur, moyennant les mêmes gages. L’un d’eux monta le premier jour, son bonnet de papier sur l’oreille, pour enseigner au nouveau venu à faire le nœud. Son nom était Bob Fagin ; on le retrouve dans le récit intitulé : Olivier Twist.