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Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/32

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sidérable à sa bourse ; il lui fallait vivre cependant toute la semaine sur les sept shillings. Ses gages s’étaient élevés à cette somme ; il la partageait en sept petits paquets qui portaient chacun le nom d’un jour de la semaine. Sans doute son père payait son logement ; mais Charles ne recevait pas d’autre secours du lundi matin au samedi soir, ni conseil, ni consolation, ni appui de personne au monde. Le pire, c’est qu’il était très enfant sous certains rapports, et que souvent il dépensait en sucreries l’argent de son dîner. Alors il dînait de pudding, se rendant, selon l’état de ses finances, soit dans une boutique élégante, où le pudding s’assaisonnait de raisins de Corinthe, soit chez un marchand plus rustique qui fabriquait un gros gâteau lourd et spongieux, susceptible de bourrer davantage. À l’heure du goûter, il lui arrivait presque toujours de tromper sa faim en allant admirer les denrées du marché.

Ses dimanches, il les passait à la prison, après être allé, dès neuf heures du matin, chercher sa sœur Fanny à l’Académie de musique, où il la ramenait le soir. C’était une triste existence et pleine de dangers ! « Sans la miséricorde de Dieu, disait souvent Dickens, je serais devenu