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Page:Dickens - L'embranchement de Mugby, 1879.djvu/44

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eût été autrement, n’en parlait-il que pour son propre compte. Or donc, ce soliloque s’adressait par le fait à un personnage voisin de la cinquantaine, à quatre ou cinq années près en deçà ou au delà, et qui semblait avoir grisonné trop vite, comme un feu négligé se réduit trop vite en cendre. C’était un homme à la démarche pesante, à la tête inclinée, aux habitudes lentes, à l’aspect triste et sombre, chez qui enfin tout décelait l’habitude de vivre seul.

Il restait là, debout sur cette lugubre plate-forme, sans que personne prît garde à lui. Si, cependant, car le vent et la pluie, ces deux ennemis prompts à l’assaut, lui coururent sus avec fureur.

« Bon ! fit-il en leur cédant, il m’est parfaitement égal d’aller d’un côté ou d’un autre. »

Il marchait donc à l’aventure, allant où le vent le poussait ; ce n’était cependant pas qu’il ne pût soutenir la lutte s’il l’eût voulu ; car, lorsqu’il fut arrivé au bout de l’auvent, qui était très long, et qu’il eut plongé son regard dans la nuit sombre, où l’esprit de l’orage, plus sombre encore, se frayait une voie dans sa course haletante, il tint bon et fit tête à la tempête. Son pas était même tout aussi résolu tandis qu’il cheminait dans le sens difficile que lorsqu’il se laissait pousser par le vent. Long-