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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/11

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pouvais vous être d’aucun secours, pauvre femme !… Et vous voudriez à présent me persuader que j’ai tort de me marier et que je suis cruelle en refusant de vous servir. Ce n’est pas bien !… Allons, est-ce que cela est bien, madame ?

— Sally, ma bonne Sally, ce n’est point dans l’avenir que je vous demande de m’aider, oh ! non, ce n’est pas dans l’avenir. Ma prière ne regarde que le passé, je n’attends de vous que deux mots.

— Là, — s’écria Sally, — voilà qui va de mal en pire. Si je ne comprenais pas quels sont ces deux mots que vous voulez savoir….

— Vous le comprenez, Sally. Quels sont les noms que l’on a donnés à mon pauvre baby ?… Quels sont ces noms ? Je ne vous en demande pas davantage ; j’ai lu la règle de la maison. Il a été baptisé dans la chapelle et enregistré dans le grand-livre. C’était Lundi soir… Comment l’a-t-on appelé ?

Elle se mit à genoux devant Sally, — à genoux dans la boue épaisse de cette petite rue déserte et sans issue qui conduisait aux jardins de l’Hospice ; elle se serait roulée sur le pavé dans la véhémence et la folie de son désespoir, si la bonne Sally ne l’eût relevée.

— Oh ! non… non !… — s’écria cette chère fille, — vous me donnez envie de faire une bonne action. Laissez-moi regarder encore votre jolie figure ; mettez vos mains dans les miennes… Jurez-moi que vous ne me demanderez rien de plus que ces deux mots.

— Jamais… jamais je ne vous demanderai autre chose.