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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/117

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sa joue lui rappela qu’un mouvement de jalousie même passagère, était maintenant un outrage envers la jeune fille.

En y réfléchissant bien, on pouvait croire qu’un motif personnel et d’un tout autre genre dictait à Obenreizer une conduite si surprenante. La grâce et la beauté de Marguerite étaient de précieux ornements pour ce petit ménage. Elles donnaient du charme et de l’importance à la maison, des armes à Obenreizer pour subjuguer ceux dont il avait besoin, une certaine influence sur laquelle il pouvait toujours compter pour donner de l’attrait au logis et dont il pouvait user pour son intérieur. Était-il homme à renoncer à tout cela sans compensation ? Une alliance avec Vendale lui offrait, sans doute, certains avantages très-sérieux. Mais il y avait à Londres des centaines d’hommes plus puissants, plus accrédités que George, et peut-être avait-il placé son ambition et ses espérances plus haut !

À ce moment même où cette dernière question traversait l’esprit de Vendale, Obenreizer reparut pour y répondre ou pour n’y point répondre, ainsi que la suite de ce récit va le démontrer.

Il s’était fait un grand changement dans l’attitude et dans toute la personne d’Obenreizer ; ses manières étaient bien moins assurées ; il y avait autour de ses lèvres tremblantes des signes manifestes d’un trouble profond et violent. Venait-il de dire quelque chose qui avait fait entrer le cœur de Marguerite en révolte ? Venait-il de se heurter contre la volonté bien déterminée de la jeune fille ? Peut-être oui, peut-être