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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/126

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— La récolte avait été bonne ; il l’avait prise tout entière. Le Champagne Suisse a été une bonne opération, n’est-ce pas, Joey ?

— Je ne dis pas qu’elle ait été mauvaise. Le vin aurait pu devenir malade dans les celliers de nos clients ; il aurait pu se gâter entre leurs mains. Mais je ne dis pas que dans les nôtres l’affaire ait été mauvaise. Lisez, monsieur.

Vendale reprit sa lecture.

Nous trouvons que le nombre des caisses est conforme à la mention qui est faite sur nos livres. Mais six de ces caisses, qui présentent, d’ailleurs, une légère différence dans la marque, ont été ouvertes et contiennent du vin rouge au lieu de Champagne. Nous supposons que la similitude des marques (malgré les légères différences dont il est question plus haut) auront causé l’erreur commise à Neufchâtel. Cette erreur ne s’étend pas à plus de six caisses.

— Est-ce tout ? — demanda Vendale en jetant la note loin de lui.

Les yeux de Joey Laddle suivirent tristement le papier qui roulait sur le parquet.

— Je suis bien aise de vous voir prendre cela si peu à cœur, monsieur, — dit-il. — Quoi qu’il arrive, ce sera toujours un soulagement pour vous de penser que vous n’en avez pas été attristé. Souvent une erreur mène à une autre. Un homme laisse tomber par mégarde un petit morceau d’écorce d’orange sur le pavé ; un autre homme marche dessus ; voilà de la besogne pour l’hôpital et un estropié pour la vie. Je suis aise de voir que vous preniez si légèrement ce que je viens de