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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/138

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recommande de Neufchâtel le plus profond secret sur les mesures que nous allons adopter. Ce secret doit être gardé vis-à-vis de tout le monde.

— Sans en excepter personne ? — demanda Obenreizer.

Et tout en répétant : « Personne, » il se retira d’un air pensif du côté de la croisée, à l’autre bout de la chambre, regarda pendant un moment dans la rue ; puis tout à coup, revenant à Vendale.

— Sûrement, ils ont perdu la mémoire, — dit-il, — puisqu’ils ne font pas même une exception en ma faveur.

— C’est Rolland qui m’écrit, — répliqua Vendale, — comme vous le dites, il doit avoir perdu la mémoire. Ce côté de l’affaire m’échappait complètement. Je souhaitais de vous voir et de vous consulter au moment même où vous êtes entré. Je suis pourtant lié par une défense formelle, mais je ne puis croire qu’elle vous concerne. Tout cela est bien fâcheux.

Les yeux d’Obenreizer, couverts de leur nuage, se fixèrent sur Vendale.

— Peut-être est-ce bien plus que fâcheux, — dit-il. — Je suis venu ce matin, non seulement pour avoir des nouvelles, mais pour m’offrir à vous comme intermédiaire ou comme messager. Le croirez-vous ? J’ai reçu des lettres qui m’obligent à me rendre en Suisse sans tarder. J’aurais pu me charger des pièces et documents de cette affaire et les remettre à Defresnier.

— Vous êtes bien l’homme qu’il me fallait, — fit