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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/139

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Vendale. — Il n’y a pas cinq minutes que cherchant autour de moi et ne trouvant personne qui pût me remplacer dans le voyage, j’avais résolu de l’entreprendre moi-même… Laissez-moi relire cette lettre.

Il ouvrit la chambre de fer pour y reprendre la lettre. Obenreizer jeta un coup d’œil rapide autour de lui pour bien s’assurer qu’ils étaient seuls, le suivit à deux pas de distance, et sembla le mesurer du regard. Vraiment, Vendale était plus grand que lui et sans doute plus fort. Obenreizer recula et s’approcha de la cheminée.

Vendale pendant ce temps, lisait pour la troisième fois le dernier paragraphe de la lettre. Il y avait là un avis très-clair et la dernière phrase demandait au jeune négociant de suivre cet avis à la lettre.

D’un côté une grosse somme d’argent en jeu, de l’autre un terrible soupçon à éclaircir. Vendale comprit que s’il agissait à sa guise et si quelque événement arrivait ensuite et déjouait toutes les mesures prises, la faute lui en serait imputée, le blâme retomberait sur lui seul. En sa qualité d’homme d’affaires, il n’avait vraiment qu’un parti à suivre. Il remit la lettre sous clef.

— Quel ennui ! — dit-il à Obenreizer. — Il y a sans doute ici de la part de Rolland un oubli inconcevable et qui me met dans une sotte et fausse position vis-à-vis de vous. Que dois-je faire ? Il me semble qu’ayant un si grand intérêt dans cette fâcheuse aventure dont j’ignore tous les détails, je n’ai pas la liberté de ne pas obéir aux injonctions de mon correspondant et que je dois au contraire m’y con-