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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/149

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menter encore. Voudrait-il que cet homme fût le tuteur de Marguerite, alors qu’il lui serait prouvé qu’il n’était point son parent ? Non !… non !…

Et cependant ses propres répugnances, ses propres désirs ne devaient point prévaloir et se placer entre lui et la fidélité qu’il devait à un mort.

Aussitôt, comme pour se bien prouver à lui-même que ces pensées, qu’il regardait comme mauvaises, ne le retiendraient point et que ces impressions passagères ne sauraient même le refroidir dans l’accomplissement d’un devoir sacré, il se mit à réfléchir au moyen d’éclaircir ses doutes au plus vite. Il suivit, d’un regard plus ouvert et plus doux, les mouvements de son compagnon dans la chambre. Ne le croyait-il pas alors occupé à méditer tristement sur sa naissance ?

Qui lui aurait dit qu’Obenreizer songeait alors à un autre homme, que cet autre c’était lui, et qu’il songeait à l’assassiner ?

La route de Bâle à Neufchâtel n’était point en aussi mauvais état qu’on l’avait dit dans la ville. Les dernières gelées l’avaient un peu rétablie. Des guides étaient arrivés ce soir-là sur des chevaux et sur des mules et n’avaient point parlé de difficultés trop grandes à surmonter. Beaucoup de patience, et l’on pouvait arriver à grand renfort de roues et de coups de fouet. Vendale eut bientôt conclu le marché. Une voiture devait, le lendemain, venir prendre les voyageurs qui partiraient avant le jour.

— Fermez-vous votre porte au verrou, la nuit, quand vous voyagez ? — demanda Obenreizer, avant de gagner sa chambre.