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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/151

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ses yeux, avec mille visions, mille espérances nouvelles.

Tous ces rêves prirent possession de son esprit et il ne sentit plus le besoin du repos. Le sommeil s’éloignait de lui. Sa bougie se consuma, la lumière s’éteignit, mais la lueur du feu suffisait à éclairer la chambre. Vendale changea de posture, appuya son bras sur le dos de sa chaise, son menton sur sa main, et demeura là, méditant toujours.

Il était assis entre le lit et le foyer. La flamme vacillait, agitée par le vent du fleuve, et l’ombre du jeune homme démesurément agrandie se jouait auprès du lit sur la muraille blanche. Cette ombre, à l’air affligé, semblait se pencher sur la couchette dans une attitude suppliante. Cependant Vendale se sentit tout ému. Une vision désobligeante traversa la chambre, il crut voir là-bas, non plus son ombre, mais celle de Wilding qui s’agitait. Aussi changea-t-il de place, l’ombre disparut, et la muraille s’évanouit. Le jeune homme avait fait reculer sa chaise dans un petit renfoncement près de la cheminée ; la porte se trouvait devant lui. Cette porte se trouvait munie d’un grand et long loquet de fer.

Tout à coup, il vit ce loquet se soulever doucement, la porte s’entr’ouvrir et se refermer comme d’elle-même, et comme si ce n’était que le vent qui l’eût fait mouvoir. Cependant le loquet demeurait hors de l’anneau. La porte se rouvrit lentement, jusqu’à ce que l’ouverture fût assez grande pour donner passage à un homme, après quoi le ballant demeura immobile comme si une main vigoureuse le retenait