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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/174

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mort… Écoute !… des parents supposés… Est-ce que cela ne te rappelle rien ?… L’Hospice des Enfants Trouvés… La fortune qui est à toi et dont tu n’as pas hérité… Souviens-toi… Souviens-toi…

Sa tête s’affaissa sur sa poitrine, il retomba sur le bord du gouffre.

Le voleur s’élança ; ses mains actives et enfiévrées coururent à la poitrine de sa victime. Vendale fit un effort convulsif pour jeter un dernier cri :

— Non !

Et, se laissant glisser lui-même, il roula dans l’abîme, roula, roula, disparut comme un fantôme dans un rêve de mort.

L’orage mugit de nouveau, puis s’apaisa.

Les voix infernales de la montagne s’éteignirent, la lune brilla, la neige tombait mollement, en silence.

Deux hommes, escortés de deux chiens énormes, sortirent de l’Hospice. Ils regardaient attentivement autour d’eux, puis levaient les mains au ciel ; les chiens se jouaient dans la neige.

— Allons, — dit le premier de ces deux hommes, — nous pouvons avancer maintenant. Peut-être trouverons-nous les voyageurs dans l’un des Refuges.

Chacun d’eux attacha un panier sur son dos, prit dans sa main un bâton ferré, s’enroula autour du bras une corde terminée par un nœud coulant afin de pouvoir s’attacher ensemble, et l’on se mit en marche.

Tout à coup les chiens cessèrent leurs gambades, mirent le nez en l’air, s’agitèrent un moment, et se mirent à aboyer de toute leur voix.