Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Leurs maîtres s’arrêtèrent aussi ; les chiens tournaient autour d’eux. Hommes et bêtes se regardèrent avec une égale intelligence.

— Au secours, alors ! Au secours ! À la délivrance !…

Mais les deux chiens, au même instant, leur échappèrent, et bondirent avec d’autres aboiements plus profonds et plus joyeux… N’annonçaient-ils point quelque nouveau venu ?…

Les deux hommes demeurèrent frappés de stupeur, et sondant au loin la neige du regard à la clarté de la lune :

— Quoi !… — firent-ils, — deux créatures insensées de plus ! Par ce temps qui porte la mort avec lui… deux étrangers… il y a une femme !

Les chiens tenaient chacun les plis d’une robe dans leur gueule et ils traînaient ainsi la voyageuse, qui leur caressait doucement la tête à tous deux. Elle montait à travers la neige du pas et de l’air d’une personne accoutumée aux montagnes ; mais il n’en était pas de même du gros homme qui l’accompagnait. Il était moulu et marchait en gémissant.

— Chers guides, — dit la jeune femme, — chers amis des voyageurs, je suis de votre pays. Nous cherchons deux jeunes hommes qui ont, ce matin, traversé la passe et qui auraient dû arriver le soir à l’Hospice.

— Ils y sont venus, Mademoiselle.

— Que le ciel soit loué ! — s’écria-t-elle. — Oh ! que le ciel soit béni !

— Malheureusement ils sont repartis aussitôt. Et justement nous nous mettions à leur recherche ; mais