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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/190

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d’un pas, afin qu’il me vît mieux et que ma figure lui rappelât ce souvenir !… Pourquoi ma figure ?… C’est donc moi que cette confession étrange intéresse !… Oh ! je suis sûr de ses paroles ; elles n’ont point quitté mon oreille… Et si je les rapproche de ce que me disait tout à l’heure ce vieil idiot de notaire… Eh ! quoi que ce soit, tant mieux, si j’y trouve de quoi réparer ma fortune et ternir sa mémoire !… Pourquoi, dans la nuit que nous avons passée ensemble à Bâle, s’est-il appesanti avec tant d’insistance sur mes premiers souvenirs. Sûrement il avait un motif alors !…

Il ne put achever, car les deux plus gros béliers de Maître Voigt vinrent l’assaillir à coups de tête, comme s’ils voulaient venger la réflexion irrévérencieuse qu’Obenreizer s’était permise sur le compte de leur maître. Il céda devant l’ennemi et se retira. Mais ce fut pour se promener longtemps, seul, sur les bords du lac, la tête penchée sur sa poitrine, en proie à des réflexions profondes.

Le lendemain matin, entre sept et huit heures, il se présentait à l’étude. Il y trouva le notaire qui l’attendait en compulsant des titres et des papiers arrivés de la veille. En quelques mots bien simples, Maître Voigt le mit au courant de la routine de l’étude et des devoirs qu’il aurait à remplir. Il était huit heures moins cinq minutes lorsque le digne homme se leva, en déclarant à son nouveau clerc que cette instruction préliminaire était terminée.

— Je vais vous montrer la maison et les communs, — dit-il, — mais il faut auparavant que je serre ces