Aller au contenu

Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tendu parler de cela quand j’étais apprenti chez un horloger. Perrin frères ont donc enfin terminé leur fameuse horloge de sûreté. Et c’est vous qui l’avez achetée ?

— Moi-même. C’est bien l’horloge de sûreté. Voilà, mon fils, voilà une preuve de plus de ce que les braves gens de ce pays appellent les enfantillages du Père Voigt. Eh bien ! laissons rire. Il n’en est pas moins vrai qu’aucun voleur au monde ne me prendra jamais mes clefs. Aucun pouvoir ici-bas, un bélier même, un tonneau de poudre ne fera jamais bouger cette porte. Ma petite sentinelle à l’intérieur, ma petite amie qui fait : Tic, Tic, m’obéit quand je lui dis : « ouvre. » La porte massive n’obéira jamais qu’à ce : Tic, Tic ; et ce petit Tic, Tic, n’obéira jamais qu’à moi… et voilà ce qu’a imaginé ce vieil enfant de Voigt, à la plus grande confusion de tous les voleurs de la Chrétienté.

— Puis-je voir l’horloge en mouvement ? — dit Obenreizer. — Pardonnez ma curiosité, Monsieur. Vous savez que j’ai passé autrefois pour un assez bon ouvrier horloger.

— Oui, vous la verrez en mouvement, — dit Maître Voigt. — Quelle heure est-il ?… Huit heures moins une minute. Attention ! dans une minute vous verrez la porte s’ouvrir d’elle-même.

Une minute après, doucement, lentement, sans bruit, et comme poussée par des mains invisibles, la porte s’ouvrit et laissa voir une chambre obscure.

Sur trois des côtés, des planches garnissaient les murs du haut en bas. Sur ces planches étaient rangées,