Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/24

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— Bon ! — dit le jeune homme, — n’ayez pas peur. Je n’ai pas divagué, n’est-ce pas ?

— Pas le moins du monde. Vous avez été parfaitement raisonnable.

— Où en étais-je, Monsieur Bintrey ?

— Vous en êtes resté… mais, à votre place, je ne voudrais pas m’agiter en reprenant ce sujet quant à présent….

— J’y veillerai, je serai sur mes gardes, — dit Wilding. — À quel endroit ce diable de bourdonnement m’a-t-il pris ?

— Au rôti, au bouilli, et à la bière. Vous disiez : logeant sous le même toit, afin que nous puissions tous tant que nous sommes….

— Tous tant que nous sommes !… Ah ! c’est cela… Tous tant que nous sommes, bourdonnant ensemble….

— Là… là… — interrompit Bintrey. — Quand je vous disais que vos bons sentiments ne sont propres qu’à vous exalter, à vous faire du mal… Voulez-vous encore essayer de la pompe ?

— Non ! non ! c’est inutile. Je vais bien, Monsieur Bintrey. Je reprends donc : Afin que nous puissions, tous tant que nous sommes, formant une sorte de famille… Voyez-vous, je n’ai jamais été accoutumé à l’existence personnelle que tout le monde mène dans son enfance. Plus tard j’ai été absorbé par ma pauvre chère mère. Après l’avoir perdue, je me suis trouvé bien plus apte à faire partie d’une association qu’à vivre seul. Je ne suis rien par moi-même… Ah ! Monsieur Bintrey, faire mon devoir envers ceux