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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/25

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qui dépendent de moi et me les attacher sans réserve, cette idée revêt à mes yeux un charme tout patriarcal et ravissant ! Je ne sais quel effet elle peut produire sur vous…

— Sur moi ? — répliqua Bintrey, — il n’importe guère. Que suis-je en cette circonstance ? Rien. C’est vous qui êtes tout, Monsieur Wilding ? Par conséquent, l’effet que vos idées peuvent produire sur moi est ce qu’il y a de plus indifférent au monde.

— Oh ! — s’écria Wilding avec un feu extraordinaire, — mon plan me paraît, à moi, délicieux….

— En vérité ! — interrompit brusquement l’homme d’affaires, — si j’étais à votre place, je ne voudrais pas m’agi…

— Ne craignez rien, — fit Wilding. — Tenez ! — continua-t-il en prenant sur un meuble un gros livre de musique. — Voici Haendel.

— Haendel, — répéta Bintrey avec un grognement menaçant, — qui est cela ?

— Haendel !… Mozart, Haydn, Kent, Purcel, le Docteur Arne, Greene, Mendelssohn, je connais tous les chœurs de ces maîtres. C’est la collection de la chapelle des Enfants Trouvés. Les belles antiennes ! Pourquoi ne les apprendrions-nous pas ensemble ?

— Ensemble ? que veut dire cet « ensemble ? » — s’écria l’homme d’affaires exaspéré, — qui apprendra ces antiennes ?

— Qui ?… le patron et les employés.

— À la bonne heure ! c’est autre chose.

Pendant un moment il avait cru que Wilding allait