Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

meublement. L’aspect général de la chambre était celui d’une laiterie transformée en un salon.

Vendale était là depuis un moment lorsqu’on le toucha au coude. Ce contact le fit tressaillir, il se retourna vivement, et il vit Obenreizer qui le salua en très bon Anglais à peine estropié :

— Comment vous portez-vous ? Que je suis content de vous voir !

— Je vous demande pardon, — dit Vendale, — je ne vous avais pas entendu.

— Pas d’excuses, — s’écria le Suisse. — Asseyez-vous, je vous en prie.

Il consentit enfin à lâcher les deux bras de son visiteur qu’il avait jusque-là retenu par les coudes. C’était sa coutume que d’embrasser ainsi les coudes des gens qu’il aimait, et il s’assit à son tour, en disant à Vendale :

— Vous allez bien, j’en suis aise.

En même temps il lui reprit les coudes.

Étrange manie.

— Je ne sais, — dit Vendale, — si vous avez déjà entendu parler de moi par votre maison de Neufchâtel ?

— Oui, oui.

— En même temps que de Wilding ?

— Certainement.

— N’est-il pas singulier que je vienne aujourd’hui vous trouver dans Londres comme représentant de la maison Wilding et Co., et pour vous présenter mes respects ?

— Pourquoi serait-ce singulier ? — repartit Oben-