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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/79

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C’est ainsi que Wilding vit son premier espoir s’évanouir. Il comprenait mieux que personne les difficultés de la tâche qu’il s’était imposée.

— Point d’issue !… point d’issue !… — se disait-il.

Il écrivit à son associé pour le prévenir que son absence pouvait se prolonger de quelques heures, se rendit au chemin de fer, et prit place dans le train pour la résidence de Madame Miller à Groombridge Wells.

Des enfants et des mères voyageaient avec lui ! Des enfants et des mères se rencontrèrent sur son passage quand il fut débarqué et qu’il alla de maison en maison, de boutique en boutique, demander son chemin. Passant sous un gai soleil, ces mères lui apparaissaient heureuses et fières, ces enfants plus heureux encore ; partout il trouvait de quoi le faire cruellement ressouvenir de ce monde souriant d’illusions, jadis si cruellement éveillé dans son cœur ; tout lui rappelait la mémoire de celle qui n’était plus, de celle qui s’était évanouie, le laissant lui, morose, et sombre comme un miroir d’où la lumière s’est éclipsée. il questionna, s’informa de tous côtés. Nul ne savait où était Lime Tree Lodge. À bout de ressources, il entra dans les bureaux d’une agence de locations.

— Savez-vous où est Lime Tree Lodge ?

L’agent lui montra du doigt de l’autre côté de la rue une maison d’apparence lugubre, percée d’un nombre inusité de fenêtres, qui semblait avoir été jadis une fabrique, et qui était maintenant un hôtel.