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Page:Dickens - L’Abîme, 1918.djvu/8

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obstacles que le hasard a dressés devant elle, et du dédale inextricable où ses fautes l’ont engagée ?

La porte dérobée s’ouvrit alors, et une jeune femme sortit de l’Hospice.

La dame voilée se tint d’abord à l’écart, observant de tous ses yeux. Ayant vu la porte se refermer elle se mit à suivre la jeune femme.

Elles traversèrent ainsi deux rues en silence. La dame voilée, enfin, étendit la main vers celle qu’elle suivait et la toucha. La jaune femme s’arrêta, tout effrayée et se retourna.

— Vous m’avez déjà touchée hier soir, — s’écria-t-elle, — et, lorsque j’ai tourné la tête, vous avez refusé de me parler. Pourquoi me suivez-vous comme un fantôme ?

— Je n’ai pas refusé de vous parler, — murmura la dame. — J’ai bien essayé de le faire ; mais alors je n’ai pu…

— Que voulez-vous de moi ?… Je ne vous ai jamais fait de mal ?

— Jamais.

— Je ne crois pas vous connaître ?

— Vous ne me connaissez pas.

— Que puis-je donc, pour vous être utile ?

— Il y a deux guinées dans ce papier. Acceptez mon pauvre petit présent, et je vous le dirai.

La jeune femme, qui avait bien le plus honnête visage du monde, rougit vivement.

— Je suis Sally, — dit-elle. — Dans ce grand établissement, auquel j’appartiens, il n’y a pas une grande personne ni un enfant qui n’ait toujours une bonne